Armide Salle Favart : après Gluck, Lully
Du 17 au 25 juin 2024
« La saison de l’Opéra Comique s’achève sur l’Armide de Lully, interprétée par Les Talens Lyriques de Christophe Rousset, dans une mise en scène de Lilo Baur (qui signait ici même l’Armide de Gluck en 2022), avec le chœur Les Éléments et Ambroisine Bré dans le rôle-titre.
Le baryton Edwin Crossley-Mercer est Hidraot, également magicien et souverain de Damas. Son timbre épais et guttural se déploie avec aisance, pour un chant imposant, à la fois riche et profus.
Anas Séguin, quant à lui, incarne l’allégorie de la Haine. Le chant est vif, mordant, soutenu ici par l’engagement théâtral de l’interprète, notamment dans la chorégraphie qu’il exécute avec Ambroisine Bré. Les deux chanteurs y forment un duo particulièrement entraînant où la Haine cherche à convaincre Armide de se plier à elle, tandis que la magicienne tente de lui échapper.
Enguerrand de Hys, quant à lui, est Artémidore et le Chevalier danois, caractérisé, par contraste, par un ténor clair, à la ligne droite, tracée avec netteté.
Florie Valiquette (tour à tour la Gloire, Sidonie, Lucinde et une bergère) et Apolline Raï-Westphal (la Sagesse, Phénice, Mélisse et une nymphe) forment quant à elles un duo cohérent dans tous les personnages qu’elles interprètent. Leurs voix de sopranos, assez proches au niveau du timbre (clair et lumineux pour la première, plus nuancé et solaire pour la seconde), se fondent aisément l’une avec l’autre. La précision que chacune tient dans son chant, ainsi que la netteté de la prononciation française, se font parfaitement compréhensibles.
Abel Zamora présente lui aussi un chant bien dessiné, pour un timbre plutôt clair et une voix encore légèrement nasale, convaincu dans son rôle de l’Amant fortuné.
Enfin, Ambroisine Bré incarne la magicienne Armide. La voix est nette, le chant tranchant dans les moments de fureur du personnage, mais généralement riche et délicat, coloré par une palette dorée. Malgré l’ardeur que la chanteuse investit dans le rôle, c’est à partir du monologue d’Armide qu’elle parvient à réellement imposer le tragique de la magicienne –d’autant plus que la mise en scène n’aide pas à la distinguer des autres personnages, si ce n’est par la couleur rouge de son vêtement. Mais une fois plongée dans l’expression déchirante de sa passion et de son désarroi, la cantatrice communique de façon poignante au public toute la douleur amoureuse de son personnage et enfin, son implacable volonté de vengeance. » Lara Othman
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