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Edgar MORIN, sociologue : « La musique est l’art qui m’importe le plus ; elle console et désole tout à la fois » – 30 juin 2024

A l’âge de 102 ans, le philosophe Edgar Morin a tenu à se déplacer à Radio France pour parler de musique, cet art qui lui importe plus qu’un autre. Beethoven « fait jaillir la force créatrice de l’univers », émotion fondatrice pour Edgar Morin adolescent, et qui continue de l’étreindre aujourd’hui.

 

  • Edgar Morin Philosophe et sociologue

Né le 8 juillet 1921, Edgar Morin est sociologue et philosophe, directeur de recherches émérite au CNRS, président de l’Association pour la pensée complexe. Conscience de l’époque, lanceur d’alerte planétaire, il n’a de cesse d’attirer l’attention du siècle sur les dérives de la mondialisation et les perversions d’un système soumis au diktat de la croissance. Edgar Morin est l’auteur d’une œuvre transdisciplinaire, traduite en vingt-sept langues et dans quarante-deux pays.

  • A l’aube de ses 103 ans Edgar Morin publie son premier roman chez Denoël : L’année a perdu son printemps

Albert Mercier, fils unique, perd sa mère à l’âge de dix ans. Son père, pour le préserver, lui cache cette mort, et Albert s’enferme dans la douleur, seul. Ce livre raconte son adolescence solitaire, nourrie de romans et de films, ses années de lycée, où il trouve ses premiers amis.
La politique fait irruption en 1934 dans sa classe, où les esprits se divisent et s’opposent. Viennent les années de Front populaire, Munich, puis la « drôle de guerre ». Une fois la France occupée, Albert Mercier, réfugié à Toulouse, s’engage dans la Résistance. Il a vingt ans.

Ce roman autobiographique inédit, écrit en 1946, éclaire la construction psychique, intellectuelle et politique de l’un des plus grands penseurs de notre temps.

  • Edgar Morin a publié en avril dernier chez Actes Sud le tome égaré de la méthode de La Méthode, le manuscrit perdu, œuvre magistrale débutée en 1977 comme une invitation à repenser le monde.

Penseur de la complexité, Edgar Morin définit ainsi le projet de  La Méthode de la méthode : “Nous avons besoin d’une méthode de connaissance qui traduise la complexité du réel, reconnaisse l’existence des êtres, approche le mystère des choses.”

“Le cosmos s’organise en se désorganisant, ses formes sont issues de la déstructuration, du chaos, des cataclysmes, des interactions désordonnées et aléatoires. Destruction et création s’entremêlent, se combattent et s’entre-fécondent pour produire le devenir du cosmos, mais la vie demeure fragile, précaire, jamais confirmée dans son propre avenir.”
“Je suis arrivé à la conviction qu’en dehors de la complexité, il n’y a qu’automutilation, mutilation d’autrui, mutilation du réel. L’incapacité à accepter la complexité de la réalité conduit non pas à l’irréalité, mais à la simplification forcée de la réalité.
La complexité est aujourd’hui la vertu révolutionnaire.
La révolution qui simplifie la lutte, qui simplifie le modèle, qui simplifie la solution, et qui manichéise tout ce qu’elle touche est réactionnaire.”

“J’ai écrit ce texte dans les années 1983-1984, dans un petit port de la Côte d’Azur dont j’ai oublié le nom. Mon idée était de faire le troisième et dernier volume de La Méthode. Mais les choses ont pris un autre tournant, ce projet est tombé dans l’oubli et j’ai fini par perdre le manuscrit…”

 

+ infos : www.radiofrance.fr