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Erminie BLONDEL, Matthieu JUSTINE, Ahlima MHAMDI

« Une Traviata triomphale
à l’Opéra de Reims ! »

du 14 au 18 octobre 2022

Erminie BLONDEL (Violetta), Matthieu JUSTINE (Alfredo), Ahlima MHAMDI (Flora)

 

« (…) Sur le plateau, aucun chanteur n’éclipse les autres comme cela peut arriver quelquefois lorsqu’un théâtre essaye de construire une distribution cohérente autour d’une immense star internationale. Dans le rôle de Violetta Valery qu’elle a déjà abordé il y a dix ans au Teatro della Concordia de Turin, Erminie Blondel peut faire valoir un timbre de soprano clair et agile dans les vocalises, qualités indispensables pour se jouer des chausse-trappes de la grande scène du premier acte « E strano… Ah, fors’è lui… Follie ! Follie !… Sempre libera ». Si quelques coloratures paraissent un peu raides en début de représentation, la voix gagne en assurance dès le début du deuxième acte et compose une dévoyée fragile et touchante. Erminie Blondel ne se contente effectivement pas de chanter Traviata : elle s’y engage toute entière et se consume dans un rôle qu’elle a à cœur de défendre avec la sincérité de ses talents de tragédienne. Au dernier acte, l’émotion du chant de la jeune soprano franco-américaine est même si juste qu’on n’arrive plus à dissocier la chanteuse de l’interprète dramatique. Il est souvent possible de juger la qualité d’une Traviata à l’engagement et à la sincérité qu’elle investit dans la lecture du courrier « Teneste la promessa » ; sur la base de ce critère, Erminie Blondel est indubitablement une Traviata qui compte et qu’il faut suivre.

Matthieu Justine est très exactement l’Alfredo qui convient à sa partenaire. Outre qu’il a la capacité d’offrir au personnage sa silhouette juvénile et ses allures de fils de bonne famille, l’artiste a surtout dans le gosier la voix et les qualités nécessaires pour composer un Alfredo solaire et bien chantant. Familier des rôles mozartiens et des héros du romantisme belcantiste, le jeune ténor français n’est pas pour autant illégitime à chanter Verdi et l’on sent, à l’écouter, qu’il a fait son miel des enregistrements d’Alfredo Kraus et du légendaire live lisboète de 1958. Dès le brindisi du premier acte, Matthieu Justine use d’aigus percutants et de nuances qui conférent à son chant une élégance un peu old school mais diablement enthousiasmante. Le tableau à la campagne et l’agonie de Violetta offrent au chanteur ses plus beaux moments : dans la cabalette « O mio rimorso », il réussit à trouver des accents proprement virils tandis que dans « Parigi, o cara » son chant se dépouille de toute fioriture pour ne toucher qu’à l’émotion pure.

{…} Le reste de la distribution est à l’unisson des trois rôles principaux : aucun artiste ne fait de l’ombre à ses camarades mais tous concourent à la réussite conjointe du spectacle. Retenons cependant le timbre pulpeux et l’élégance de la ligne de chant de Ahlima Mhamdi dans le rôle de la courtisane Flora Bervoix.

A la fin du spectacle, la chaleur des applaudissements du public rémois et plus encore les démonstrations de joie des artistes qui se congratulaient entre eux sur scène après la tombée du rideau témoignent de l’enthousiasme sincère suscité par ce spectacle à la fois modeste dans ses intentions et intelligent dans sa mise en oeuvre. Lorsque tout concourt à faire de cette Traviata un précieux moment d’opéra, on ne peut que regretter qu’elle ne soit jouée que trois fois. »

+ infos : www.limelightartists.com