Peter Gelb, patron du Met : « Ne pas prendre de risques, c’est une condamnation à mort »

« (…) Le Metropolitan plie, mais ne rompt pas. Comme toutes les maisons lyriques, le plus gros opéra américain souffre en ce moment des effets d’une crise économique asphyxiante. Malgré tout, et paradoxalement, la création ne s’est jamais aussi bien portée au Met. « Nous présentons aujourd’hui plus de nouvelles œuvres que jamais », signale Peter Gelb, le directeur général, aux commandes de l’institution new-yorkaise depuis 18 ans. Le pari de productions « en phase avec leur temps », et de commissions toujours plus nombreuses. Avec des représentations retransmises en direct au cinéma, dans plus de 150 salles françaises, notamment.

(…) Il est important de construire une extension du répertoire : des opéras accessibles, fascinants, pour une audience d’aujourd’hui. Il y a toute une nouvelle génération de compositeurs aux États-Unis qui n’ont pas peur d’écrire de la musique mélodique, qui peut être appréciée par le public.
(…) Si nous ne faisons pas cet effort, la forme artistique est morte ! Nous devons maintenir l’opéra en vie, donc prendre des risques. Avoir peur de prendre des risques, dans le spectacle vivant d’aujourd’hui, est une condamnation à mort. Nous essayons de le maintenir en vie.

(…) En fin de compte, l’opéra doit servir le public. C’est ce que j’ai cru toute ma vie. Que ce soit au Met, à Sony, en tant que producteur indépendant, ma mission a toujours été de connecter l’art au plus grand nombre. Cela doit être la mission de l’opéra aujourd’hui. Nous ne pouvons pas vivre dans cette stratosphère élitiste et survivre. Et quand je dis « nous », je dis aussi ça pour les compagnies européennes. Même si elles ont le luxe de financement public, ce financement ne sera pas là éternellement. Avec les vagues populistes et nationalistes en Europe, l’opéra doit prouver qu’il sert une large part de la population. (…)

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