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Opéra de Paris : une tribune dénonce une saison « qui fait fi des femmes » – avril 2024

« La saison 2024/2025 ne comporte « aucune metteuse en scène, aucune compositrice, ni aucune librettiste », s’inquiète un collectif de professionnels du secteur culturel et artistique, dans une tribune publiée par Libération. »

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Par Louis-Valentin Lopez

« Faut-il soupçonner l’Opéra de Paris de ne pas être au fait des questions d’égalité ? Non. » Dans une tribune publiée par Libération, un collectif composé de près de 260 professionnels du secteur culturel et artistique épingle l’effacement des femmes dans la programmation 2024/2025 de l’Opéra de Paris. Cette nouvelle saison ne comporte en effet « aucune metteuse en scène, aucune compositrice, ni aucune librettiste », pointent les signataires. Parmi eux, la compositrice Sophie Lacaze, la violoncelliste Héloïse Luzzati, la pianiste Célia Oneto Bensaid ou encore le ténor Grégoire Ichou.
Le constat dressé dans la tribune est éloquent : « Sur 19 productions d’opéra et 15 ballets, 17 metteurs en scène, 0 metteuse en scène. 17 chefs d’orchestre, 4 cheffes d’orchestre. 19 compositeurs, 0 compositrice. 26 librettistes homme, 0 librettiste femme. 14 ballets chorégraphiés par des hommes, un seul par une femme. La somme de ces chiffres est sans appel : seules 5 femmes figurent parmi les 98 noms relatifs à ces 34 spectacles. » Les rédacteurs de la tribune pointent en outre un recul de l’institution, « l’une des plus subventionnées du secteur culturel », sur la parité : « Lors du lancement de la saison 2022/2023, le directeur, Alexander Neef, avait choisi de faire de la présence à l’affiche de metteuses en scène et de cheffes d’orchestre l’un des axes majeurs de sa communication. »

À l’Opéra de Paris, « nous en discutons beaucoup »

En mars, lors de la conférence de presse qui dévoilait la saison 2024/2025, José Martinez, le directeur de la danse, avait été interpellé sur la quasi-absence de femmes chorégraphes : « Je ne prends pas cela comme un manque de considération. Tous les ballets classiques que l’on reprend, Onéguine, Mayerling, la Belle au Bois Dormant ou Paquita, sont des ballets de répertoire créés à une époque où il n’y a avait pas beaucoup de femmes chorégraphes. Cela explique un peu ce décalage. » Selon lui, la présence de femmes « doit s’inscrire dans les saisons à venir, et cela va arriver. »

« Nous en discutons beaucoup, je vous l’assure ! », avait alors renchéri Alexander Neef, le directeur de l’Opéra de Paris :  « Des progrès assez importants ont été faits, par exemple, pour ce qui concerne les cheffes d’orchestre. Cela va venir pour les chorégraphes, également pour les metteuses en scène. Les choses ont commencé à bouger, et ce sont des évolutions que nous avons envie de poursuivre dans le futur. »

Par Louis-Valentin Lopez