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Ovation pour la Norma de Karine DESHAYES au Festival d’Aix-en-Provence


« Karine DESHAYES prend le rôle de Norma en version de concert à l’occasion des débuts de la chanteuse et de cet opéra de Bellini au Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence »

Le 18 juillet 2022

« La soirée est d’autant plus intense qu’elle est renversante, Norma étant confiée ici à une mezzo-soprano remarquée auparavant dans le rôle d’Adalgisa tandis que celle-ci est confiée à une soprano (une combinaison aussi rare que remarquée, instituant d’autres rapports dramaturgiques même en concert, et rappelant les exigences de ces rôles). La mezzo-soprano Karine Deshayes fait oublier en Norma la couleur mordorée de sa tessiture pour la hausser vers les sommets que Bellini donne à son rôle et mettre en valeur les délicieuses vocalises qui font savamment redescendre la ligne vers le médium, avec un frisson garanti. Elle intègre, par quelques gestes et mimiques discrètes, la part théâtrale qui fait merveille en version de concert. Elle colore ses récitatifs de couleurs annonciatrices des parties suraiguës de ses airs, pour produire une homogénéité globale qui permet d’en amortir certaines duretés. La projection est l’outil-phare de la chanteuse, qu’elle use à l’échelle du mot, tendu ou détendu, dans les libertés des silences qu’elle sait obtenir du directeur musical, particulièrement à son écoute. Les descentes vocalisées ont cette dimension aérienne, éthérée, qui sont la signature des grands rôles féminins de Bellini. La voix entre en se coulant dans la matière orchestrale, dénuée de tout vibrato, pour mieux le convoquer dans les notes structurantes de la déclamation. Les sons aigus sont abordés par le haut de la note, comme pour leur donner plus d’éclat et de justesse. Quelques petites interruptions dans la ligne signalent la difficulté du rôle, a fortiori dans une conception qui privilégie la retenue, rythmique et dynamique, pour mieux laisser exploser, dans le rôle-titre, les confins de la douceur et de la violence, la spiritualité qui pardonne et l’animalité qui condamne. « 

+ infos : olyrix.com