“La fermeture des opéras n’est pas inéluctable«
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde ce dimanche 19 février, le baryton Thomas Dolié détaille plusieurs « solutions audacieuses » qui empêcheraient selon lui les suspensions d’activité et fermetures attendues dans de nombreuses institutions lyriques en 2023. (…)
Pour le chanteur lyrique, la crise n’est pas seulement conjoncturelle. L’opéra est un art coûteux, qui demande des budgets de financements très importants englobant les orchestres, les chœurs, les ballets, la technique, l’administration ou encore l’entretien des bâtiments souvent anciens et prestigieux. Mais en-deçà de cette partie, Thomas Dolié pointe le budget de production qui est « nettement supérieur à ce que rapporte une recette de billetterie et donc ça limite structurellement le nombre de représentations. Contrairement au théâtre public ou même privé, où quand il y a beaucoup de succès, on peut continuer à jouer en espérant amortir le coût du spectacle, mais l’opéra, c’est complètement impossible. Et ça, je pense que c’est vraiment le problème dans le modèle qui nous coupe les ailes, parce qu’on comprend bien que les subventions sont un peu au maximum, que toutes les autres ressources sont un peu limitées et on oublie que le public c’est quand même notre ressource principale. »
Quelles solutions possibles face à cette crise structurelle ?
Pour répondre à cette impasse financière, Thomas Dolié apporte quelques réponses : « Une des solutions intéressantes, c’est que si vous avez un opéra qui a déjà dans son budget de fonctionnement un orchestre, un chœur et des équipes techniques suffisamment importantes, vous avez déjà un outil extraordinaire. Donc il vous suffit de rajouter dans ce budget des chanteurs solistes, une équipe musicale qu’au lieu de rémunérer à la représentation, vous allez rémunérer d’une manière plus durable. Alors ça peut prendre des formes différentes : faire des tournées en région, essayer d’allonger la période de représentations sans multiplier par le nombre de représentations le coût de production. Ça veut dire aussi qu’il faut anticiper en amont les capacités des théâtres en France. »
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